Des chiffres et des inspecteurs

Les performances des élèves de CM2 en lecture, calcul et orthographe
ont baissé de manière « significative » entre 1987 et 2007,
selon une étude du ministère de l’Éducation publiée cette semaine.


Le ministère s’applique à démontrer que le niveau baisse.
Les évaluations CM2 2009 sont à peine finies qu’on sort
une évaluation 2007 dont on n’avait jamais entendu parler…

Il faut beaucoup de naïveté pour se poser
des questions sur les raisons qui pouvaient
justifier les évaluations CM2 2009.




Les élèves, les parents, les enseignants l’ont bien compris.
Quant aux inspecteurs…

On pouvait s’attendre à ce que les professionnels
de la pédagogie soient les premiers à dénoncer toutes les
incohérences de ces évaluations.


…ben non !


Cela paraît incroyable pour des individus pourtant intelligents
et responsables, mais donnez des chiffres même absurdes à
un inspecteur : il tombe immédiatement en adoration devant !


Le pire c’est qu’ils n’ont aucune réticence à en tirer des
conclusions comme si tout était scientifique et donc indiscutable !


Et cela est destiné à aboutir à toutes les conséquences possibles :


Il suffit de jeter un coup d’oeil sur Google Actualités
pour être consterné par les réponses des inspecteurs
aux questions des parents et des enseignants.

Nouille d’or attribuée à Mme Corinne S.,
inspectrice de l’Education Nationale
(citée par www.sud-ouest.com)

Aux parents d’élèves qui lui faisaient part de leur étonnement
devant ces évaluations passées en janvier mais couvrant tout le programme de CM2, elle a répondu :


On attend ses explications pour les évaluations CE1
qui auront lieu en mai !


Il y a quand même des inspecteurs à la hauteur !



Le "Syndicat National des Personnels d’Inspection membre de la FSU"
dénonce en termes mesurés les évaluations 2009 :

"Comment peut-on prétendre, contre toute évidence, qu’il s’agit là d’évaluations bilan calibrées sur une moitié semestrielle de programme qui n’est définie nulle part ? Comment peut-on affirmer qu’il n’est absolument pas question que ces évaluations soient utilisées pour organiser un marché concurrentiel des écoles primaires alors que cela a été mis en tension dans une communication politique volontariste pendant des mois et des mois au gré des écrits et discours officiels ?
Et enfin, comment peut-on suggérer sans courir le risque d’attiser l’incendie que les enseignants contestataires refusent le principe même d’une évaluation de leurs élèves, alors qu’ils ont développé la culture de l’évaluation depuis plus d’une décennie?
"
La suite sur le site http://syndicat.snpi-fsu.org

Quel crédit accorder aux évaluations en général, d’ailleurs ?
Le collège nous a transmis les résultats des évaluations passées en septembre
par nos anciens élèves admis en 6e, et en décembre nous avons eu aussi
le bulletin du premier trimestre de ces mêmes élèves.


On peut comparer les deux…
Il suffit de ramener les moyennes des élèves sur 100 :


On constate qu’il y a de petites différences : certains ne s’en sortaient pas très bien en septembre
mais ont fini le trimestre avec une bonne moyenne ; pour d’autres c’est le contraire…

Si on met les notes en correlation,
on obtient un nuage de points très imprécis :



En clair, cela signifie qu’il n’y a pas de rapport évident entre
le score de réussite d’un élève aux évaluations passées en septembre
et les notes que les profs lui attribueront trois mois plus tard.

Bref, dans un autre billet d’humeur les résultats des évaluations
étaient comparées à un tableau impressionniste.
Aujourd’hui il serait plus juste de faire référence au cubisme !


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Une réponse à Des chiffres et des inspecteurs

  1. Philippe dit :

    Excellent ! L’inspecteur en adoration devant la feuille de saisie des résultats, c’est criant de vérité. L’interprétation des chiffres est très réaliste aussi.
    Il y en a qui n’ont toujours pas compris qu’une moyenne de deux moyennes était fausse et m’avait rien à voir avec une moyenne générale.
    Exemple :
    On a deux écoles, une de 10 élèves, l’autre de 50 élèves. Si on fait la moyenne de chaque école puis la moyenne deux écoles, ce n’est pas la même chose que de faire une seule moyenne, celle des 60 élèves.

    Heureusement que tous les inspecteurs ne sont pas comme cela.

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